Cedrik Thorn, les pièces de monnaie et l’oncle globe-trotter

CEDRIK THORN, LES PIÈCES DE MONNAIE ET L’ONCLE GLOBE-TROTTER

Quand il était enfant, Cédrik Thorn avait un oncle globe-trotter qui lui rapportait des pièces de monnaie de ses voyages au bout du monde. On ne sera pas surpris d’apprendre qu’une fois adulte, il a eu lui aussi des envies d’évasion.

Cédrik Thorn passe son enfance dans les Yvelines entre un père britannique qui occupe un poste de directeur dans l’industrie automobile et une mère italienne qui travaille comme infirmière à domicile. Cadet d’une famille de trois enfants, il arpente l’hexagone en famille chaque été et se passionne pour les récits de son oncle qui a vécu à Tahiti avant de traverser l’Australie puis l’Amérique du Sud à bicyclette. De ses voyages, l’oncle globe-trotter rapporte des pièces étrangères qui font rêver le jeune garçon.

Après un BEP Laboratoire et un BTS agro-alimentaire, Cédrik Thorn se réjouit de faire son service militaire quand il apprend qu’il en sera exempté pour raisons médicales. « Ils ne m’ont pas laissé partir sous prétexte que j’avais une vis dans l’épaule à cause des chocs que j’avais pris en jouant au rugby », se souvient l’ancien pilier.

Surmontant sa déception, il profite de cette année sabbatique pour suivre les pas de son oncle et faire le tour du monde. Après une longue escale à Tahiti où il exerce plusieurs petits métiers qui lui enseignent l’art de la débrouille, il termine son voyage par la Californie dont il apprécie le dynamisme et l’ouverture d’esprit.  À son retour en France, Cédrik Thorn est embauché chez Coca-Cola où il reste huit ans pour s’assurer de la qualité des sodas vendus en France.

Mais l’envie d’ailleurs n’est pas loin. C’est au cours d’un séminaire à Francfort, où il est allé en tant que responsable qualité de Renault, qui l’a recruté quelques mois auparavant, qu’il rencontre son épouse. Il s’expatrie et apprend, en parcourant les petites annonces, que l’économat des armées recherche des techniciens pour installer une base en Afghanistan.

C’est le début d’une grande aventure qui va le conduire du Kosovo à Djibouti, de la Côte d’Ivoire à l’Afghanistan au gré de missions de plusieurs semaines à près de six mois. « Cela fait quinze ans que j’installe et que je mets en œuvre des systèmes de potabilisations de l’eau, de dépollution des eaux usées et de gestion des déchets dangereux, notamment médicaux », précise le directeur d’exploitation qui est passé par l’économat des armées avant d’être recruté par la société H2O dont les activités ont été rachetées par Kamp Alliance, la filiale « eau » du groupe Novakamp.

En quinze ans, Cédrik Thorn a été confronté au danger à maintes reprises, en Afghanistan bien sûr quand il travaillait sur la base Warehouse sous la menace des talibans, en Centrafrique où il a senti les balles siffler près de son visage alors qu’il intervenait sur une installation, au Mali, où il a fallu s’adapter à la montée en puissance des forces armées, qui sont passées en quelques mois de 500 à 3.000 hommes. Son expertise l’a conduit également au Kosovo, au Tchad, au Niger, en Côte d’Ivoire et à Djibouti.

« Nous travaillons en bonne intelligence avec l’armée, dans des conditions éprouvantes puisque les températures dépassent 50° et qu’il faut parfois creuser jusqu’à 250 mètres ou plus pour trouver de l’eau », explique-t-il. Mais plus encore que l’aspect technique, c’est la dimension humaine de son travail qui le passionne : le directeur d’exploitation travaille avec les mêmes personnes depuis quinze ans, en particulier une équipe de Kosovars durs au mal, et reçoit chaque année des vœux du monde entier.

« J’ai eu la chance de découvrir des pays magnifiques même s’ils sont dangereux, sourit Cédrik Thorn. Quand je reviens en France entre deux missions, j’ai envie de dire à tous ces gens qui se plaignent qu’ils ne mesurent pas la chance qu’ils ont de vivre dans un pays où il fait si bon vivre. » Il y a du côté d’Albi, où la famille Thorn s’est installée en 2013, une famille de globe-trotter qui respire le bonheur. De là à dire que leurs deux enfants seront mordus de voyage, c’est un peu tôt pour le dire car ils n’ont que douze et huit ans. Mais comme dit l’adage « les chiens ne font pas des chats ».